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Boîte noire (2015)
pour 2 boîtes transparentes, machines à fumée et projecteurs vidéo
Avec l’installation Boîte noire, Martin Messier s’intéresse à la mise en son et en mouvement d’un faisceau lumineux projeté dans un grand prisme aux parois transparentes. Cherchant à définir les contours de cette matière fuyante, il matérialise l’amplitude de ses formes et en décompose les fréquences. Dans une salle obscure, le spectateur voit et entend l’évolution du spectre blanc : ses contractions et dilatations, ses courbes et tracés, ses apparitions et disparitions. Comme si cette boîte de signaux fantomatiques contenait les traces d’événements passés, Messier invite le spectateur à en reconstituer l’histoire.
http://www.mmessier.com/boite-noire.html
Quelles sont les motivations qui vous ont poussées à un travail avec la lumière?
Ma première motivation dans mes projets a été de travailler avec l’image. Le travail avec la lumière a donc été un impératif puisque la création d’images nécessite de la lumière. Comme pratiquement tous mes projets des 10 dernières années ont été créés pour la scène, j’ai rapidement voulu m’approprier cet élément qui fait partie de la représentation scénique. Mon premier pas vers le travail avec la lumière a été mon projet Sewing Machine Orchestra. Alors que j’entrevoyais le potentiel sonore de cet objet, je me suis aussi aperçu que cette machine était aussi pourvue d’une lumière. C’est donc en entrevoyant la possibilité d’une performance sonore et lumineuse que j’ai flairé pour la première fois le potentiel du travail d’éclairage.
De quelle manière abordez-vous la relation son et lumière dans votre œuvre?
L’avantage évident de pouvoir prendre en main l’éclairage est de pouvoir rassembler au même endroit éclairage et son, dans un même lieu commun, l’ordinateur. Le travail possible de synchronicité entre ces deux éléments se trouve grandement facilité. Par opposition, la gestion de la communication entre un concepteur de son et un éclairagiste devient rapidement laborieuse si ces deux personnes travaillent sur des interfaces indépendantes.
Dans le cas du projet d’installation Boîte noire, j’ai fait un usage non habituel du projecteur vidéo. Je l’ai utilisé comme une simple source lumineuse et non pour projeter purement de l’image. Ce type de détournement est quelque chose qui m’intéresse énormément et qui refait souvent surface dans mon travail.
Tous mes projets depuis plusieurs années ont incorporé du visuel et cela, sous différente forme (performance, danse, théâtre, vidéo ou installation). J’ai travaillé autant en explorant l’approche de l’éclairagiste plus traditionnel ou celle d’une programmation minutieuse et hyper synchrone avec le son.
Comment croyez-vous, de par votre bagage multidisciplinaire, enrichir le langage de la lumière comparativement à, par exemple, un éclairagiste qui aurait dédié sa vie à ce seul langage?
À défaut de passer ma vie à réfléchir à la lumière et aux ombres, je fais souvent appel à un expert et je suis très conscience de mes limites. Mes forces sont complémentaires au regard d’un expert de l’éclairage.
Cela dit, à cause des outils, de mes buts et de ma méthodologie, le résultat est autre que ce que ferait un éclairagiste traditionnel. Mais de plus en plus de gens commencent à travailler ainsi et cette façon de travailler le son avec la lumière se démocratise.
De mon côté, je rends possible un dialogue son-image qui n’est pas souvent présent dans les formes de création plus traditionnelle. Mes éclairages se déclinent de plusieurs façons, mais quelques constantes restent, dont l’idée que le son et l’image ne fassent qu’un.
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