[CD]
Various — New Music for Electronic & Recorded Media: Women in Electronic Music 1977 (1997)
New Music for Electronic & Recorded Media: Women in Electronic Music — 1977
Composers Recordings, Inc. (CRI) [CD 728], 1977, 1997
Ce disque récent de Composers Recording Inc., New Music for Electronic & Recorded Media, paru pour la première fois en 1977 sur l’étiquette 1750 Arch, maintenant disparue, a été compilé et produit par Charles Amirkhanian. Il représentait, en 1977, la première parution commerciale de la musique de la plupart des compositeurs de cette compilation. Son repressage est un document historique des pratiques électroacoustiques du milieu des années 1970 ainsi qu’un point de référence pour la musique produite de nos jours par un certain nombre de ces compositeurs. La musique de cette collection parle de la plupart des préoccupations des compositeurs des années 1970 : la spiritualité orientale, la relation aux musiques indigènes et au rock & roll, le rôle des communications dans la société et l’Art ainsi qu’une confrontation et une continuation des recherches de l’avant-garde dans les années soixante. Une inclusion bienvenue dans cette rétrospective est les notes originales volumineuses et bien écrites du LP de 1977 avec un avant-propos supplémentaire, de nouveau par Amirkhanian.
La première pièce sur le disque, Music of the Spheres (1938) par la compositrice américaine peu connue Johanna M. Beyer (1888-1944), a une sorte d’aura « Scelsi », débutant avec des grognements (à l’origine écrite pour des rugissements de lion) et évoluant vers des sonorités planantes ondulant doucement pour le reste des 5:59 de cette pièce. Ce travail, peut-être l’un des premiers à être écrits pour une instrumentation électronique, a été à l’origine conçu en tant qu’élément d’un travail de théâtre et écrit pour « trois instruments électroniques ou cordes ». Il a été exécuté, pour cet enregistrement de 1977, par l’Electric Weasel ensemble, incluant des membres distingués tels Allen Strange, Brenda Hutchinson, Donald Buchla et Amirkhanian lui-même jouant sur Music Easel Synthesizers, le décalage de phase de fréquence en temps réel et un triangle.
World Rhythms (1975) d’Annea Lockwood est une pièce d’environnements sonores qui combine les caractéristiques rythmiques des pétarades de moteurs, vagues, oiseaux, et quelques coups de gong. La séparation discrète des matériaux entre les canaux stéréophoniques gauches et droits donne une impression de dislocation aux sons.
Bye Bye Butterfly (1965) de Pauline Oliveros fournit un aperçu d’un premier morceau de méditation sonore par cette interprète et compositrice renommée. Les glissandi électroniques bourdonnant, le chœur traité et le soprano d’opéra se mêlent aux délais de bande en temps réels, distinctifs du style-collage d’Oliveros, pour créer une ambiance et un discours singulier entre les matériaux électroniques et d’opéra.
Appalachian Grove I (1974) de Laurie Spiegel est une version électronique de son intérêt pour le banjo et le jeu du violon utilisant des textures en hoquet et soutenus par des figures rythmiques contagieuses. Cette pièce est une de plusieurs créées par Spiegel utilisant le programme GROOVE de Max Matthews, qui gère par ordinateur des sources analogues (aux laboratoires Bell durant le début des années 1970).
I Could Sit Here All Day (1976) de Megan Robert présente un exemple de certaines des activités en marge de la scène « art rock » des années 1970. Le tambourinage incessant se mêle à des déclamations, des cris, et des chants ainsi qu’à des bourdonnements, des gazouillements et des oscillations électroniques. Cette musique gravite vers des aspects de la transe et de la méditation en dépit (ou en raison?) de la véhémence gutturale des vocalises.
Points (1973–74) par Ruth Anderson est une étude des ondes sinusoïdales, où densité et caractère timbral changeant lentement, battements intermittents entre les fréquences adjacentes, et un sens généralement calme d’évolution produisent des nappes sonores qui dérivent avec élégance.
Les deux pièces New York Social Life (1977) et Time To Go (1977) sont les premières enregistrées et distribuées commercialement par la jeune Laurie Anderson par l’intermédiaire de cette compilation de 1977. Ils démontrent les bases de l’approche au texte et à la poétique du collage sonore qu’elle a consolidé et maintenu dans son travail récent qui a connu un succès commercial. Le modèle déclamatoire nonchalant, pourtant intense, marié aux motifs imbriqués de guitare et de violon, définit une identité sonique personnelle.
Il n’y a aucun exemple ajouté du travail de ces compositeurs sur cette réédition dû aux limitations de l’original sur vinyle (double face) et de la décision de le rééditer « tel qu’il était » en 1977. Par conséquent, au lieu d’être convaincus par ces compositeurs, nous sommes simplement tentés. Heureusement, il y a beaucoup d’autres enregistrements disponibles de la plupart de ces compositeurs, pour ceux qui souhaitent les étudier plus à fond.
9 mars 1998, Traduction : Yves Gigon
Biographie
Le compositeur canadien Laurie Radford a composé pour orchestre de chambre, grand orchestre, chœur, percussion, électroacoustique et médias interactifs. Sa musique a été jouée et diffusée à travers le Canada, l’Europe et l’Amérique du Sud et plusieurs de ses compositions sont disponibles sur electrocd.com et McGill Records. Il habite à Montréal, où il enseigne présentement l’électroacoustique et la composition à l’Université McGill et à Concordia University.
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