Transmutations: Music for Voice, Piano and Electronics

Comptes Rendus

Transmutations: Music for Voice, Piano and Electronics
alcides lanza - Meg Sheppard
SHELAN label (eSp-9601-CD)

Compte rendu par Paul von Wichert

Transmutations met en vedette le duo formé par la chanteuse Meg Sheppard et le pianiste/compositeur alcides lanza qui présentent six oeuvres de compositeurs canadiens. La majorité des pièces du disque ont été écrites pour ce duo au cours d'une période de vingt ans.

J'ai apprécié le livret d'accompagnement bien écrit, très étoffé et trilingue (français, anglais et espagnol) qui accompagne ce disque sur l'étiquette SHELAN (eSp-9601-CD). Le livret fournit le texte de base pour vôo (1992) , une pièce pour voix, bande magnétique et traitement numérique dans laquelle lanza partage ses réflexions sur le 500ième anniversaire du premier voyage de Columbus en Amérique. lanza exploite les ambiguïtés de son texte en dressant une voix agitée contre un accompagnement qui évoque la nature et les sons primitifs. La pièce exprime bien l'émerveillement et la terreur que provoque le Nouveau Monde, autant chez les explorateurs européens que dans les cultures indigènes.

Écrit à l'origine pour trois pianos, Player Piano (1978) de John Celona se trouve ici enregistré en trois temps par le même interprète. La musique rappelle la technique continue du pianiste Lubomyr Melnyk bien que d'une trempe plus générique et minimaliste. Praescio VII (Piano... and then some) (1994) de Bruce Pennycook prend la relève de Player Piano. La pièce démontre de façon impressionnante comment la technologie de l'informatique interactive peut accroître les ressources disponibles au pianiste en solo. Si Praescio VII avait été enregistré une deuxième fois avec des paramètres différents, cela aurait fourni une comparaison éclairante! Transmutations effectue un retour à 1971 avec une pièce de Micheline Coulombe Saint-Marcoux, Arksalalartôq, pour voix, bande magnétique et instrumentiste. À certains niveaux, c'est la pièce la plus réussie du disque, avec une partie cocasse, enregistrée sur bande à l'ancienne façon». Elle prouve que n'importe quel son produit par un instrumentiste peut se retrouver dans l'oeuvre du compositeur.

C'est la composition d'Udo Kasemets, Calendar Round: Megalcides (1989), pour chanteur/parleur, piano et bande magnétique, qui boucle le disque en retournant au Nouveau Monde pour tirer son inspiration du calendrier Maya. L'oeuvre se dégage considérablement des contraintes de quelconque forme musicale. Avec sa qualité intemporelle et ses harmonies consonantes structurelles, elle verse dans le Nouvel-Age. L'autre pièce du disque, Sangeet (1990) de Robert F. Jones, est une composition entièrement acoustique.

Artistes éminents, lanza et Sheppard nous livrent un enregistrement de grande qualité. Certaines plages ont d'ailleurs été enregistrées pour diffusion par la CBC. Transmutations mérite bien d'être écouté malgré l'inégalité de l'inspiration de certaines pièces.

Traduction: Gilles Marchildon.