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Collection de musique électroacoustique latino-américaine

LA FONDATION DANIEL LANGLOIS pour l’art, la science et la technologie

Des extraits de ce texte ont déjà été publiés sur le site Web de la Fondation Daniel Langlois ou sont parus sous la forme d’articles de Ricardo Dal Farra.

Dans ce texte, le terme musique électroacoustique renvoie aux créations musicales qui comprennent des sons produits ou modifiés électroniquement pouvant être accompagnés ou non de voix ou d’instruments acoustiques, et dont le langage s’apparente à celui du milieu musical expérimental ou académique (d’après une définition modifiée d’Otto Luening, tirée de The Odyssey of an American Composer, New York, Charles Scribner’s Sons, 1980).

Page d’accueil de la Collection de musique électroacoustique latino-américaine : français / anglais

1. Introduction à la collection

L’histoire de la musique électroacoustique latino-américaine est longue, riche et intéressante, mais elle est peu connue, même dans la région concernée. De nombreux compositeurs nés en Amérique latine, ou qui y habitent, sont actifs dans ce domaine depuis près de 50 ans, mais en Amérique latine, l’accès à l’information et aux enregistrements de musique électroacoustique demeure problématique pour tous : éducateurs, compositeurs, interprètes, chercheurs, étudiants et le public en général.

Au milieu des années 1970, au moment où je commençais à travailler dans le domaine de la musique électroacoustique en Argentine, j’éprouvais bien des difficultés à savoir ce qui se passait dans ce domaine, dans les pays environnants autant que dans ma propre ville. Avec beaucoup de persévérance, il était possible de mettre la main sur des enregistrements de compositeurs européens ou nord-américains, mais il s’avérait extrêmement difficile de trouver des renseignements sur des compositeurs locaux ou régionaux. Ce qui, au début de mon travail, semblait être un paradoxe est devenu une constante : on pouvait trouver le nom de certains compositeurs et les titres de leurs œuvres, mais pas leur musique. Il m’a fallu beaucoup de temps pour obtenir quelques enregistrements de musique électroacoustique de compositeurs latino-américains et découvrir un monde sonore en bonne partie caché, quand il n’est pas tout simplement irrémédiablement perdu.

Dans bien des pays d’Amérique latine, des universités, des organismes d’État ou des fondations privées ont parfois soutenu ou lancé des projets visant à promouvoir la recherche artistique et l’utilisation de nouveaux médias, mais dans la plupart des cas, rien n’a été prévu pour documenter et conserver les résultats de ces projets. Plusieurs compositions pour bande ont été perdues, des bandes ont été endommagées, des partitions et autres documents détruits. Mais heureusement, un certain nombre d’enregistrements a pu être conservé.

Dans le but de préserver, documenter et faire connaître une partie de la musique électroacoustique d’origine latino-américaine, j’ai fait venir mes archives personnelles au Canada en 2003, afin de constituer une collection à la Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie.

On trouvera des renseignements supplémentaires sur l’historique du projet en visitant le site Web de la Fondation Daniel Langlois (français / anglais).

2. Aperçu de la collection

Nom de la collection
Collection de musique électroacoustique latino-américaine

Lieu d’hébergement de la collection
La Collection est actuellement hébergée dans les locaux de la Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie à Montréal (Canada). La majeure partie de cette collection était auparavant conservée dans l’Estudio de Música Electroacústica de Ricardo Dal Farra, à Buenos Aires (Argentine).

Nombre d’œuvres que compte la collection
1 723 compositions (2 264 fichiers audio numériques) de 392 compositeurs.

Dates des compositions et performances
1956–2007.

Type de supports
Bobines, cassettes analogiques, cassettes audionumériques (DAT), disques vinyles et CD. Tout le contenu de la collection est maintenant conservé sur support numérique (disques durs). La plupart des fichiers audio sont conservés en format AIFF, stéréo, 16 bits, 44,1 kHz. On retrouve quelques fichiers multipistes ProTools. Les archives contiennent également des enregistrements audios et audiovisuels (QuickTime) d’entrevues avec quelques compositeurs et innovateurs sur le plan technique, ainsi que des photos, des partitions et une banque de données comprenant des notes de programmes, des notices biographiques et d’autres renseignements.

État de la collection
Excellent.

Œuvres récupérées, restaurées et archivées
1 723 compositions (2 264 fichiers audio numériques) de 392 compositeurs.

On peut consulter la liste complète des compositions répertoriées dans la Collection sur les pages Web française ou anglaise de la Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie, où il est également possible d’écouter des enregistrements audio.

3. Importance de la collection au plan artistique et culturel

Il reste peu de traces des pratiques artistiques contemporaines des dernières décennies en Amérique latine, malgré une production artistique riche et de grande qualité. C’est du moins le cas pour certaines de ces pratiques qui dépendent des technologies électroniques. Même si nous disposons aujourd’hui d’outils informatiques très élaborés pour traiter l’information, nous ne pouvons rien faire si l’information n’est pas d’abord préservée. Dans la plupart des pays, cette préservation ou cette documentation — cette mémoire pourrait-on dire — ne semble pas importante, ce qui contribue à créer un sentiment de vide ou de carence historique chez de nombreux artistes.

La musique électroacoustique s’est développée au cours des décennies en l’absence d’efforts soutenus pour conserver, documenter et faire connaître les œuvres composées. Certains des premiers compositeurs sont déjà morts, de nombreuses compositions ont été perdues, des enregistrements d’origine (bandes maîtresses) endommagés.

La création de la Collection de musique électroacoustique latino-américaine est une initiative qui vise à favoriser la conservation et l’accessibilité de cette musique.

4a. Récupération, restauration et archivage — généralités

Les archives musicales comprennent des pièces pour support fixe (bande, DAT, CD ou autres), des pièces mixtes pour instruments acoustiques ou voix et support fixe ou traitement en temps réel, ou encore systèmes interactifs. On y retrouve également des œuvres multimédias. Pour les œuvres mixtes, des enregistrements complets et des enregistrements des parties de bande sans instrument (support fixe) sont conservés et répertoriés.

J’ai obtenu la plupart des enregistrements et des renseignements que j’ai pu recueillir depuis le milieu des années 1970 grâce à mes recherches, et après avoir pris contact directement avec chacun des compositeurs. Avec le temps, j’ai pu réunir toute une collection d’enregistrements de musique électroacoustique sur bandes, cassettes analogiques et disques vinyles. Conscient qu’une telle collection pourrait intéresser bien d’autres personnes, j’ai décidé non seulement de partager cette musique et toute cette information avec mes collègues et étudiants, mais de chercher des moyens d’en élargir l’accès. Dans les années 1980, des conférences, des séries de concerts et la publication de rapports d’activités dans Array, le bulletin de l’International Computer Music Association, m’ont permis de partager cette musique. Par la suite, sur une période de plus de dix ans, j’ai réalisé de nombreuses émissions de radio (« Música electroacústica y por computadora », « Electromúsica » et « Música y Tecnología » à la radio nationale d’Argentine et sur les ondes de la radio de Buenos Aires). J’ai également réalisé plusieurs CD publiés par Leonardo Music Journal, oodiscs, et le Computer Music Journal.

Je poursuivais ma réflexion sur la manière de rendre accessible cette musique et sur la façon d’approfondir mes recherches sur la création musicale électroacoustique en Amérique latine lorsque l’UNESCO m’a invité à participer aux premières rencontres Digi-Arts à Paris en mars 2002. L’UNESCO m’a alors confié le mandat de poursuivre mes recherches et de produire des rapports sur la musique électroacoustique et les arts médiatiques. En 2003, mes deux rapports intitulés « Historical Aspects of Electroacoustic Music in Latin America: From Pioneering to Present Days » et « La música electroacústica en América Latina » ont été publiés sur le portail Internet Digi-Arts de l’UNESCO. Il ne s’agit pas là de deux versions du même texte, mais bien de deux textes complémentaires traitant du développement historique de la musique électroacoustique en Amérique latine, des compositeurs et de leurs œuvres.

Je me suis ensuite mis à la recherche d’un lieu où il serait possible à la fois de rendre les œuvres réellement accessibles au public et de les conserver en toute sécurité. Deux bourses consécutives de la Fondation Daniel Langlois, comme chercheur en résidence, m’ont permis de travailler pendant 28 mois (de 2003 à 2005) à la numérisation, la conversion et le montage de la collection à partir des bandes, cassettes analogiques, DAT, vinyles et CD, en plus de mettre en place la banque de données comprenant tous les renseignements disponibles au sujet de ces pièces (titre, compositeur, date de composition, instrumentation, notes de programme, studio de réalisation, version, durée, notice biographique, etc.). Enfin, de 2007 à 2008, j’ai pu travailler à nouveau sur la collection pour augmenter de 30 à 231 le nombre de pièces accessibles pour écoute sur Internet.

4b. Récupération, restauration et archivage — considérations techniques

Le travail fut colossal; il a fallu surmonter de nombreuses difficultés techniques (récupération après le plantage de disques durs, recherche d’appareils pouvant lire d’anciens formats d’enregistrement, numérisation de matériel pour corriger certains problèmes causés par la lecture de certains supports par des appareils récents, conflits de systèmes d’exploitation et de supports FireWire, etc.), trouver une méthode pour traiter les vieux enregistrements très bruiteux (certains enregistrements ont été traités à l’aide d’un système de réduction de bruit de fond tout en préservant les enregistrements originaux et en se conformant aux directives des compositeurs). Trois ordinateurs différents et neuf disques durs ont été nécessaires pour stocker tous les fichiers audios et vidéos, la banque de données et tous les renseignements qu’elle contient.

Chaque fichier audio ne correspond pas forcément à une pièce complète; dans certains cas, les différents mouvements d’une même œuvre sont conservés en fichiers distincts, selon les instructions des compositeurs. La collection compte donc 2 264 fichiers audio pour un total de 1 723 compositions.

Une bonne partie des renseignements relatifs à ces fichiers audio est accessible sur le site Web de la Fondation Daniel Langlois (on peut avoir un accès complet par l’intermédiaire du site Intranet de la Fondation).

La plupart des compositeurs représentés dans la collection sont nés en Amérique latine. Quelques compositeurs ne sont pas originaires d’Amérique latine, mais ils y ont poursuivi une partie de leur carrière. La banque de données contient des renseignements sur des compositeurs associés aux 18 pays suivants : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Équateur, El Salvador, Guatémala, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou, Porto Rico, République Dominicaine, Uruguay et Vénézuéla. On trouvera sur le site Web de la Fondation la liste des compositeurs et des compositions, ainsi qu’un certain nombre de statistiques (compositions et compositeurs classés par décennies et par pays, etc.).

Ces archives représentent le fruit de vingt années de recherche et d’efforts pour établir des liens et favoriser la communication, vingt années passées à donner et recevoir.

5. Ressources financières, humaines et institutionnelles

Ce projet a été rendu possible grâce au soutien financier et matériel de la Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie.

Voici la liste des personnes et départements impliqués dans le projet :

Ricardo Dal Farra — chercheur principal

Jean Gagnon — ancien directeur général, Fondation Daniel Langlois

Alain Depocas — directeur du Centre de recherche et de documentation (CR+D), Fondation Daniel Langlois

Jacques Perron — ancien directeur de programme, Fondation Daniel Langlois

Ludovic Carpentier — webmestre, Fondation Daniel Langlois

Catalina Briceño — ancien adjoint de direction, Fondation Daniel Langlois

Chantale Lavoie — ancienne adjointe de direction, Fondation Daniel Langlois

6. Diffusion et accès à la collection

Une partie importante de la Collection peut être consultée sur le site Web de la Fondation Daniel Langlois :

D’autres partitions, entrevues (audio et audiovisuel) et documents visuels, ainsi que des textes, des notes de programme et des notices biographiques supplémentaires peuvent être consultés sur le site Intranet de la Fondation Daniel Langlois.

Pour consulter la Collection intégrale par l’intermédiaire du site Intranet de la Fondation Daniel Langlois (1 723 compositions, entrevues, textes, etc.), veuillez contacter :

Alain Depocas, directeur
Centre de recherche et de documentation (CR+D)
Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie
3530, boulevard Saint-Laurent
Montréal (Québec)  H2X 2V1 Canada

adepocas@fondation-langlois.org
http://fondation-langlois.org

Ricardo Dal Farra <ricardo@dalfarra.com.ar>, ricardo.dalfarra@gmail.com

7. Autre

Je souhaite exprimer toute ma gratitude envers la Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie pour sa vision et son soutien. Je tiens également à remercier particulièrement tous les membres de l’équipe de la Fondation pour leur confiance, leur aide et leur amitié.

12 novembre 2008

Concordia University / Université Concordia

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