Musique électroacoustique en Argentine
Plaidoyer pour l’écoute de la musique de Carmelo Saitta
Contexte de la musique electroacoustique argentine
La situation de la musique électroacoustique en Argentine n’échappe pas au complexe contexte institutionnel et historique du pays : la continuité des projets culturelles ne dépends pas des politiques d’état soutenues au cours du temps comme on pourrait le constater, sans aller très loin, au Brésil ou au Mexique.
C’est pour ça qu’il est difficile de séparer l’histoire de la musique électroacoustique des va et viens de la politique argentine : Un des faits marquants a mon avis, (et qui permette mieux entendre pourquoi le réalisme magique est le mode d’existence habituel des habitants de l’argentine), c’est la façon comme s’est constitué le premier laboratoire de musique électroacoustique : les premiers équipements qui ont été utilisées pour la synthèse de sons provenaient d’un chimérique projet de construction d’une bombe atomique national tombe en désuétude, dirigé par un pseudo scientifique autrichien allemand, le faussaire Ronald Richter, (1) qui avait convaincu le Président Juan Peron de lui appuyer avec un budget impressionnant. (2) L’équipement achète pour le projet, constitué par beaucoup de filtres et générateurs des sons, fut donc le matériau initial du premier studio électroacoustique fondé par Francisco Kropfl.
Beaucoup d’années plus tard autour de 1977, un musicien très tôt retraité par des raisons difficiles a saisir, Jose Maranzano, convaincra les militaires de la dictature argentine de construire un grand laboratoire de medias qui devais produire des audiovisuels pour le championnat mondial de futbol (soccer) de 1978, espace physique et équipement, constitueront plus tard le LIPM du Centro Cultural Recoleta.
Si les institutions sont, en tant que faits humaines, des conduits symboliques, il est compréhensible que dans la perception du public argentin et de beaucoup de musiciens, la musique électroacoustique ait une connotation scientificiste et autoritaire.
Actualité de la musique électroacoustique argentine
Beaucoup des nouvelles institutions universitaires et des compositeurs travaillent à la ville de Buenos Aires et aux « provincias » de Buenos Aires, Cordoba et Santa Fe dans projets pédagogiques, de recherche et de création, sans compter la foulée des compositeurs émigrées. Je n’ai pas le espace ici pour dresser une liste,que, comme disait Jorge Luis Borges, servirai seulement pour remarquer ceux qui ne sont pas inclus, mais aussi , parce qu’il me semble que le chercheur Ricardo Dal Farra, travaillant ici a Montréal s’est occupé a ce sujet, aussi, la page du Laboratorio de Investigacion y Produccion Musical offre quelques renseignements historiques.
Une histoire de la musique electroacoustique est encore a faire. Le seul recueil de dates et des noms des œuvres et des compositeurs est un donné nécessaire mais pas suffisant pour construire une histoire esthétique et critique de la musique électroacoustique en argentine : sans pousser beaucoup une lecture sémiologique, il est interessant voir comment la seule énumération apparemment ascétique des oeuvres et des compositeurs faite par Dal Farra montre comment le poids especifique donné a certains faits (3) construit une version de l’histoire.
En attendant les musicologues qui s’occuperont des ces problemes mieux que nous, les compositeurs, je préfèrerai de m’occuper d’un musicien qui est né en Italie et avait immigré en argentine a l’age de 4 ans, et qui contribue de facon decisif à la vitalité de la musique électroacoustique argentine en tant que compositeur et pédagogue.
Il s’agit de Carmelo Saitta, (4) musicien peu donné à la composition des numéros téléphoniques (locales ou internationales!) et a l’écriture des lettres, et pour cet position éthique et à la fois esthétique il n’est pas connu à l’étranger de la façon qu’il le mériterait.
Penseur de la matière sonore, Saitta, à la fois percussionniste et directeur des ensembles de percussion, a été précurseur dans notre pays, aux années 80 en théoriser au sujet des escales et modulations du timbre, développant une théorie des transitions entre instruments de percussion, aussi applique par lui même aux matériaux sonores fixés sur support. (5)
Ses compositions, entre lesquelles je trouve remarquables La maga, o el angel de la noche (pour bande), U mare Strombolicchio e chidda luna (trois percussionnistes et bande), Pliegues, borras de humo, sueños (bande), inspirées fortement par la notion de « régionalisme critique » et la recherche d’une musique américaine non folklorique et complexe basée sur la notion d’un temps anisotropique a marqué une position originale dans l’actualité de la musique argentine.
Ce qui me frappe le plus, c’est la luminosité des matériaux sonores chez Saitta, ils semblent venir d’un autre temps, d’un autre lieu. L’utilisation des instruments de percussion, et le goût pour les textures cristallines, les analogies et les ambiguïtés de sens, caractérisent sa musique.
Dans le contexte du post webernisme et de la musique électronique pure et dure qui encore avais l’haute du pave et s’enseignait a notre pays aux années 80, (6) la musique de Saitta a été et il est encore pour moi et pour des autres collègues de ma génération, un bouffe d’air frais, qui nous a mènes a rechercher avec joie des chemins plus près de notre perception que de la recherche technologique vidé des sens.
En certain sens, Saitta, est notre Pierre Schaeffer sans le savoir.
Notes
- La recherche a été réalise par l’écrivain Esteban Buch, qui avec le compositeur Javier Lorenzo ont crée une opéra documentaire « Richter » au Théâtre & Musique, à Paris. Voir aussi l’article sur Ronald Richter dans le Wikipedia.
- Voir http://www.maclas.vcu.edu/journal/Vol%20XV/SheininFigallo.html. Last accessed March 17, 2007.
- Si dans une sélection des dernières 50 années, de 30 pièces électroacoustiques latino-américaines il y en a deux (7%) qui appartiennent au « chercheur » peut être il faudra dans les futurs études dans ce champ une évaluation plus systématique du point de vue musicale!
- http://www.gourmetmusical.com/persona.asp?IdPersona=2106. Last accessed March 17, 2007.
- http://www.sohns-musica.com.ar/saittapercu.html. Last accessed March 17, 2007.
- Ou meme l’utilisation des micros était non-recommandée dans certains studios officiels.
Other Articles by the Author
“Apuntes para una semiología del gesto y la interacción musical.” Cuadernos del Centro de Estudios en Diseño y Comunicación 20 (May 2006), pp. 63–71.
“Tiempo Diferido / Tiempo Real En La Música Electroacústica (O La Continuación Del Combate De Cronos Y Orfeo Por Otros Medios).” Estudios Musicales No. 6 (January 2005).
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