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En soutien au projet SONUS

>> QU'EST-CE?

SONUS est une sonothèque en ligne de musiques électroacoustiques, musiques par ordinateur, art sonore, etc.(*) Cette base de données a été créée et est gérée par la CEC pour le bénéfice de la communauté toute entière.

>> QUI ?

N'importe qui produisant de l'électroacoustique, n'importe où au monde est éligible pour participer.

>> COMMENT ?

Envoyez-nous vos oeuvres. Nous les encoderons au format mp3 et les mettrons sur le site de SONUS. Allez ici pour plus de détails.

>> QUAND ?

SONUS est en quête continuelle de musique.

>> COÛTS ?

Aucun.

(*) Pour la liste complète des différentes variétés d'électroacoustique proposées par SONUS, allez ici.

SONUS est un projet de la Communauté électroacoustique Canadienne (CEC), subventionné par le Conseil des Arts du Canada (section musique) et par les membres de la CEC.

Contexte et antécédents

par Kevin Austin et Steven Naylor

SONUS est l’aboutissement logique et nécessaire du développement au long terme de la CEC et de son site web.

Depuis quelque temps déjà, les personnes intéressées par l’EA appelaient de leurs vœux la constitution d’un "répertoire" source, facilement et simultanément utilisable par tous en tant que référence centrale.

Il est clair, par exemple, qu’à l’exception d’une partie des œuvres fondatrices, l’ensemble de la création d’EA n’était pas jusqu’à présent disponible à l’ensemble du public.

De même, vers 1998, une tentative de démarrer un groupe de discussion Internet sur la question du vocabulaire descriptif/analytique de l’EA avorta, par manque d’un fond commun suffisamment important d’information et de pièces.

En réponse à ce besoin, la CEC a conçu le noyau même de son site web comme une importante collection de pièces, accessibles de plusieurs manières différentes : accès "généraliste", à travers une radio/juke-box web, accès "par sujet", à travers le magazine web eContact!, etc.

Peu après l’inauguration du site, nous avons commencé à constituer cette collection, procédant par "thèmes" synchronisés avec ceux d'eContact!

SONUS peut donc être simplement considéré comme une autre manière d’accéder à cet ensemble de pièces, mais nous préférons y penser comme au point d’attraction unique des éléments de ce répertoire source dont la communauté a un si pressant besoin.

Le développement de cette collection en fera bientôt une des principales ressources en matière de recherche, et sa valeur même se multipliera avec le nombre et la diversité des œuvres disponibles.

Pour donner au lancement de ce projet un punch supplémentaire, nous avons demandé à Al Mattes, un des bienfaiteurs de la CEC, d’en définir plus amplement le contexte natif. Il a obligeamment rédigé en réponse l’article ci-dessous.

(Al Mattes est le cofondateur de la Music Gallery, à Toronto, qu’il administra pendant près de vingt ans. Personnage clé dans la constitution des communautés électroacoustiques torontoise et canadienne, il s’est produit très régulièrement avec le CCMC.)

SONUS — Un nouveau paradigme en distribution de musique EA

Préambule et contexte

La CEC a toujours été à l’avant-garde de l’exploitation des possibilités des ordinateurs et d’Internet, utilisant toujours ces outils au meilleur de l’intérêt de ses membres. Le courrier électronique, par exemple, fut adopté, peu après son avènement, en tant qu’outil de communication par le conseil d’administration.

Je me souviens d’un échange de courriels datant du début des années 1980, à l’époque où j’étais encore un musicien et producteur actif. Cet échange réunissait Kevin Austin, David Keane, moi-même et quelques autres, tous simultanément en ligne, et Kevin fit alors remarquer que la situation se rapprochait beaucoup d’une véritable réunion en chair et en os. évidemment, à l’âge d’ICQ, de Net Mail et des autres forums en ligne, la remarque peut aisément passer pour un lieu commun, mais en ces temps héroïques, nous avions le sentiment d’être parmi les premiers à utiliser l’interconnectivité nouvelle de façon aussi intensive.

En 1993, nous avons organisé le tout premier réseau radio à but non lucratif, utilisant un signal numérique, relayé par câbles téléphoniques, pour retransmettre, en temps réel, un festival de musique EA. Ces Journées électro Radio Days (JERD) furent un succès remarquable, et permirent à des fervents d’EA d’écouter et de transmettre des concerts entre Toronto, Montréal, Vancouver et ailleurs, à travers un lien central situé à la Music Gallery de Toronto.

Lorsque le Conseil des Arts du Canada décida, au milieu des années 1990, de supprimer le financement de nos opérations courantes, assimilant pour l’occasion la CEC à un Organisme des services aux arts, notre réaction fut la création immédiate d’une série de listes email, <CECdiscuss>, <CECpanel> et <CECboard>, transformant de fait la CEC en une organisation virtuelle. Keith Kelly, alors directeur de La Conférence canadienne des arts, et maintenant Directeur aux affaires publiques, recherche et communications du Conseil des Arts, ne tarda pas à ériger cet exploit en un exemple d’utilisation innovatrice de la technologie numérique pour circonscrire les effets des compressions budgétaires.

Nous avons souvent utilisé le web pour promouvoir la musique de nos membres, présentant par exemple des concerts (électroWEB, en 1995), ou accédant au site de la CBC en l’unique occasion où cela nous fut offert, et maintenant en tant qu’élément principal du site de la CEC.

Un certain nombre de choses ont donc été réalisées, mais nous demeurons encore à l’avant-garde de l’utilisation de cette technologie. En tant que collectivité, nous continuons à explorer, à créer de nouvelles applications, au bénéfice tant de nos membres qu’à celui des électroacousticiens dans leur ensemble.

Notre avantage est bien sûr qu’en tant que compositeurs d’EA, l’ordinateur nous est devenu seconde nature, nous permettant très tôt d’en concevoir et d’en exploiter le potentiel communicationnel. Je me souviens — c’était avant les coupures de 1995 - de l’impact considérable, dans les milieux de la musique, d’un article décrivant la menace que représenterait bientôt le web pour le monopole dont jouissait alors l’industrie sur les goûts musicaux des consommateurs, de par sa mainmise sur la production et la distribution de musique. Cette article, d’une prescience remarquable, prévoyait donc la perte de leur contrôle sur la distribution de musique des compagnies en position dominante sur le marché, au profit de compositeurs ou de compagnies indépendantes utilisant le web comme médium de distribution.

L’industrie de la musique enregistre, pour la troisième année consécutive, un recul net de ses ventes de CD. Et le nouveau paradigme de distribution est implicitement reconnu par l’industrie, comme en témoigne l’encodage - censé en empêcher ou en limiter la copie — des pièces vendues sur CD ou en tant que fichiers MP3 téléchargeables. Moins reconnu est le fait, pourtant rapporté par le New Scientist, que cet encodage réduise la qualité audio de façon significative.

Un pirateur d’informatique bien connu avait pourtant averti, dès l’époque où apparurent les premiers encodages, que la méthode utilisée importait peu : la quantité de gens souhaitant faire de la libre distribution la nouvelle norme était si considérable, que toute mesure cherchant à y faire obstacle serait rapidement décryptée et contrée.

Dans certains cas, les méthodes de protection deviennent draconiennes : dans l’industrie cinématographique, par exemple, les grands studios d’Hollywood utilisent, à l’occasion des pré-visionnements et des avant-premières, des détecteurs de métal à l’entrée des salles de projection, interdisant les téléphones cellulaires, téléavertisseurs, ordinateurs de poche et caméras portatives. Mesure anticopie apparemment jugée insuffisante, puisque des gardes de sécurités arpentent aussi la salle tout au long des séances…

Le projet

SONUS est donc le projet dernier né de la Communauté électroacoustique Canadienne (CEC), visant à faciliter la dissémination de la musique électroacoustique dans le monde entier. Si l’omniprésent web en constitue l’ossature, ce sont avant tout l’expérience et le savoir-faire des membres de la CEC chargés de concevoir et d’entretenir le site du projet, qui permettront à celui-ci de voir le jour, dès le début de l’été 2003. Il s’agit bel et bien d’un site web interactif, qui offre l’accès et le téléchargement en version intégrale des pièces EA des compositeurs participants. Une page intitulée "Guide de soumission" expose en détail quelles sont les conditions d’envoi de pièces pour les compositeurs. Un contrat est aussi inclus, formulé de manière à s’assurer que les droits de chacun sont respectés.

Dans mon esprit, la conception "ouverte" de ce système offre aux compositeurs et aux interprètes une opportunité sans équivalence d’accéder à un site qui ne tardera pas à devenir LA référence en matière de musique nouvelle, innovatrice et enthousiasmante. Pas question ici d’encodage anticopie camouflé : l’unique finalité de ce site est de fournir un réseau d’écoute, de partage et de distribution de musique à l’échelle mondiale.

Je sais bien que l’objection principale des compositeurs et des interprètes à un système de distribution basé sur la gratuité est évidemment le droit de chacun d’être rémunéré pour son travail. Mais laisser le marché "libre" décider de ce qui mérite ou non d’être rétribué en matière d’art a conduit, historiquement, à une complète dépendance des artistes envers l’état ou le mécénat privé. Or, pour les compositeurs d’EA, même ces recours sont inaccessibles. Le problème, à mon avis, provient du fait que la musique EA a toujours été très peu entendue, et donc encore moins comprise et soutenue. La taille réduite de l’auditoire a découragé les systèmes de distribution basés sur la vente à promouvoir et présenter l’EA dans le contexte approprié. SONUS est en mesure d’apporter une solution simultanée à l’ensemble de ces problèmes, tout en offrant une avenue possible vers le paiement de droits d’auteur.

Le Canada a implanté depuis plusieurs années un système de taxation sur les supports vierges, tels que CD-R et cassettes. Le produit de cette taxe, destinée à compenser les compositeurs pour l’utilisation non autorisée de leurs œuvres découlant de la disponibilité de ces supports, est conservé in trust par l’association nationale des producteurs indépendants, la Canadian Independent Record Production Association (CIRPA). Un article récent indiquait que la CIRPA cherchait encore à définir un processus équitable de redistribution de cet argent. De quels compositeurs exactement copie-t-on la musique? En combien d’occasions? Comment pourraient participer à ce processus les compositeurs indépendants? Peut-être ne devrait-on admettre à la redistribution que les seuls membres de la SOCAN? Il est possible que des décisions soient en voie d’être prises sur toutes ces questions, et dans ce cas, les compositeurs d’EA percevront-ils leur part?

Si SONUS peut être configuré de manière à conserver un enregistrement du nombre de téléchargements effectués pour chaque compositeur, en excluant par exemple les téléchargements répétés vers la même adresse IP, ceci constituerait une base de répartition des plus fiables. Ces données pourraient alors être mises à la disposition des personnes responsables du processus de redistribution.

Une autre source potentielle de revenus pourrait être conçue sur le modèle qu’utilise le Conseil des Arts dans son mode de rétribution des écrivains, basé sur le nombre de photocopies réalisées à partir de leurs écrits, dans les bibliothèques et ailleurs. Ici encore, les données recueillies par SONUS, une fois leur fiabilité démontrée, pourraient être utilisées pour justifier une enveloppe globale de subventions plus substantielle. Encore un pas de plus : pourquoi ne pas imaginer un questionnaire, à remplir par la clientèle du site, qui permettrait de se faire une idée du nombre de copies que chaque usager envisage d’effectuer à partir d’un téléchargement unique? Les projections que la somme de ces données permettrait de faire, en dressant un tableau précis de l’usage réel de musique EA au pays, constitueraient une base imparable d’argumentation et de lobbying.

Dans ce genre d’opération, il est judicieux de pratiquer une saine gestion des ressources en "rationalisant" les efforts de démarrage, toujours plus considérables que ceux nécessités par une extension des services. Une fois donc que tous les aspects logiciels et infographiques sont au point, et que le système est parfaitement rodé en ce qui concerne l’EA, pourquoi ne pas permettre à la CEC de générer des fonds en l’offrant, contre rétribution, à l’ensemble de la musique contemporaine?

Je voudrais donc inciter chacun d’entre vous à soumettre vos œuvres le plus rapidement possible, à encourager d’autres compositeurs à le faire également, et à promouvoir ce service de toutes les manières possibles. Ajoutez une section à votre page web, parlez-en à vos amis, aux musiciens, étudiants et compositeurs de votre connaissance. Rendez votre musique accessible à travers SONUS, et faites-le savoir.

Al Mattes
Bienfaiteur de la CEC
Mai 2003

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