eC!

Social top

Rencontres avec les communautés de la musique nouvelle

Sommaire: Rencontres avec les communautés de la musique nouvelle à Toronto, Montréal et Vancouver Décembre 2000

Le 23 novembre et les 1er et 8 décembre, des réunions ont eu lieu respectivement à Toronto, Montréal et Vancouver. Les membres des communautés de musique nouvelle de ces trois villes se sont réunis pour discuter des enjeux auxquels sont confrontés les artistes de musique nouvelle au Canada. Les notes prises pendant ces discussions feront partie de la documentation de fond qui servira à l'examen du Programme de musique contemporaine et actuelle du Service de la musique du Conseil des Arts du Canada.

À chacune des réunions, les participants ont été invités à exprimer clairement leurs idées quant aux atouts que possède leur communauté et aux défis qu'elle doit relever. Le présent sommaire résume les enjeux soulevés lors des discussions des atouts et des défis que les trois villes ont en commun et qui, essentiellement, sont ceux que l'on peut qualifier d'enjeux de portée nationale. Chaque ville compte aussi des enjeux qui lui sont propres, et ceux-ci sont présentés dans les rapports sur les communautés individuelles.

ATOUTS

· Chaque ville a fait état du profond sentiment de former une " communauté ". Les gens ont précisé que leur atout le plus important est l'appui de leurs collègues, et l'esprit de collaboration règne dans les communautés.

· La richesse et la variété des formes de la musique nouvelle au Canada est un atout majeur et la diversité manifestée dans la pratique de cet art est l'un des facteurs clés de la croissance de cette forme de musique au pays.

· Une impression " d'unicité " émane des types de projets entrepris dans les différentes communautés. Ainsi, ce qui se produit à l'échelle locale et nationale au Canada ne se produit pas exactement de la même manière ailleurs dans le monde.

· Dans le domaine de la musique nouvelle, le niveau de compétence artistique est extrêmement élevé; les interprètes et les compositeurs manifestent un talent d'une incroyable richesse.

· Grâce aux technologies modernes de communication, il est maintenant possible d'établir des liens avec les communautés de musique nouvelle partout dans le monde. De plus, les artistes œuvrant dans les secteurs de l'électroacoustique et des nouvelles pratiques sont en mesure d'utiliser la technologie comme moyen de diffusion.

DÉFIS

· La diversité dans la pratique est l'un des principaux atouts de la communauté, mais c'est aussi l'un de ses grands défis. Un degré élevé de diversité peut entraîner la fragmentation de la communauté et agir comme frein à une collaboration plus étroite entre artistes.

· Bien qu'un climat de collaboration règne dans les communautés, certains estiment qu'il y a encore matière à amélioration à cet égard. L'énergie consacrée par les artistes à la production et à la présentation de leurs spectacles individuels ne leur laisse pas suffisamment de temps pour entreprendre des projets de collaboration.

· À Toronto et à Vancouver, les gens trouvent souvent plus facile d'établir des contacts avec les communautés de musique nouvelle à l'extérieur du pays qu'avec les autres communautés canadiennes.

· Dans la communauté de la musique nouvelle, les infrastructures sont nettement insuffisantes, ce qui compromet l'amélioration de la qualité de la présentation, de la production et du marketing des représentations. Personne ne consacre de fonds au développement des publics ou au marketing adéquat des œuvres; il n'y a pas de personnel compétent en matière de production ou de gestion; et personne ne peut s'occuper du volet administratif de la création artistique.

· Les créateurs ne peuvent plus se consacrer uniquement à la création. Tous les jours, ils doivent faire des choix qui n'ont aucun rapport avec la création. Le manque de ressources humaines et financières oblige les artistes à s'occuper eux-mêmes de tous ces détails. Par conséquent, les artistes de la musique nouvelle ne sont pas en mesure de se concentrer exclusivement à la création artistique.

· Aujourd'hui, il est plus difficile que jamais de gagner sa vie comme artiste de la musique nouvelle au Canada. Puisque le financement offert est limité et que, pour obtenir de l'aide financière, il faut répondre à des exigences très strictes concernant le nombre de performances, il reste souvent peu d'argent en bout de ligne pour les salaires et les cachets des artistes.

· " Si l'on veut que l'industrie prenne de l'expansion et soit prospère, il faut constamment être à la recherche de jeunes nouveaux compositeurs. " Toutes les communautés ont trouvé que la nécessité d'attirer les jeunes artistes à la musique nouvelle comporte de nombreux défis. Ces communautés se préoccupent aussi de la difficulté qu'auront les jeunes artistes en début de carrière à se produire dans des circonstances qui leur permettront de perfectionner leur art et de gagner leur vie.

· Même s'il y avait suffisamment de fonds pour embaucher des praticiens administrateurs, personne ne possède à la fois les compétences requises et des connaissances en musique nouvelle. Les agents de publicité et les spécialistes en développement des publics, en marketing, en production, en administration et en finances sont très peu nombreux.

· Le public canadien perçoit la musique nouvelle comme une forme de musique inaccessible, " impopulaire " et difficile à comprendre. Cette perception constitue un défi de taille lorsqu'il s'agit d'attirer le public à des représentations et, dans l'ensemble, celui-ci ne se développe pas.

· Les gens du milieu se préoccupent grandement de l'absence de programmes d'art dans les écoles. La communauté de la musique nouvelle doit collaborer avec les divers ministères de l'éducation, afin de redonner la priorité aux programmes d'art et de débloquer les fonds nécessaires pour que les artistes soient à nouveau présents dans les écoles.

· Dans le contexte de la pratique de différentes formes artistiques, celle de la musique nouvelle semble être " invisible ". Cette perception s'explique en partie par le fait que les collectivités ne sont pas dotées d'installations reconnues comme étant consacrées à ce genre de musique et qui pourraient servir de centre et de " foyer " public et tangible de la musique nouvelle. Dans une certaine mesure, ce manque de visibilité est aussi attribuable au fait que, au-delà de la promotion des concerts individuels, aucune voix collective ou ressource n'est consacrée à la promotion des différentes formes de musique nouvelle.

· La communauté des universitaires ne semble pas appuyer la croissance et le développement des nouvelles pratiques qui dépassent le cadre de la composition traditionnelle. Certains ont commenté que, lorsque les praticiens de la musique nouvelle ont acquis leur formation ailleurs que dans le milieu universitaire ou qu'ils ne possèdent aucune formation officielle, leur travail, quoique valable, est rarement respecté par ceux dont la formation a été plus traditionnelle.

· À Toronto et à Vancouver, le manque d'installations de répétition et de spectacle est généralisé. Souvent, l'acoustique des locaux existants est de piètre qualité et ils ne sont même pas dotés des éléments de base nécessaires, tels des pianos de calibre de concert.

· Certains artistes ont manifesté un certain malaise vis-à-vis du concept de développement des publics. Comme ces artistes ont déjà investi leurs ressources dans la création, la production et la présentation de performances individuelles, ils sont inquiets à l'idée d'être responsables d'une activité comme le développement des publics qui exige beaucoup de temps et d'efforts.

· Il ne semble jamais y avoir suffisamment de temps pour tout faire. En fin de compte, les artistes font tout eux-mêmes et tous les aspects de leur travail en souffrent. De nos jours, les artistes n'ont plus le temps de simplement créer. On ne peut pas leur demander de produire le spectacle et, en plus, de trouver et d'essayer de développer un public. Le taux de surmenage est élevé et les bons artistes s'épuisent.

· Les arts sont sous-représentés dans les médias, notamment dans l'Ouest du pays. Le bon journalisme en musique est chose rare au Canada. Les gens ne sont pas prêts ou intéressés à rédiger des entrevues, des articles, des critiques et d'autres textes profonds et réfléchis . Il arrive rarement que les auteurs des critiques et des entrevues aient une connaissance approfondie de la musique nouvelle et, par conséquent, les discussions concernant la musique demeurent très superficielles. Une analyse plus animée de cette forme musicale par les journalistes faciliterait grandement le travail de développement des publics. La question du temps d'antenne consacré à la musique nouvelle a aussi été soulevée.

Rapport rédigé par Judy Harquail et Lendre Kearns
Décembre 2000

Social bottom